C’est un fait : les métiers du droit ne connaissent ni l’attentisme, encore moins la crise. Impacts de la tech et du digital ? Paysage législatif et règlementaire toujours plus complexe et évolutif ? Amélioration des process et de la productivité ? Ce sont autant d’enjeux sur lesquels les équipes opérationnelles se voient challengées.

Tour d’horizon des tendances et des profils qui ont la cote avec Amélie Lobry, Senior Principal au sein de la Division Tax, Legal & Compliance du cabinet Robert Walters Management de Transition.

Expérience et capacité à fédérer

Tant en juridique qu’en fiscal, les entreprises sont en quête perpétuelle de professionnels aguerris, toujours plus qualifiés et expérimentés pour les aider à faire face à une réglementation de plus en plus complexe, en constante évolution. Les compétences en matière de conformité et de gestion des risques sont également très convoitées.

« Dans ce marché particulièrement dynamique, en tant qu’expert, notre cabinet accompagne les organisations au plus près de leurs besoins, sur des fonctions clés dans l’entreprise. La transition apporte à la fois souplesse, adaptabilité, expertise et hauteur de vue, qualités nécessaires et indispensables pour réussir de telles transformations », explique Amélie Lobry. « Actuellement, la demande est extrêmement soutenue dans le secteur industriel (plus de 59% des missions), mais aussi dans celui des services qui connaissent de profondes mutations, ayant besoin de vrais techniciens pour maintenir un bon niveau d’activité. Dans un environnement inflationniste, le secteur de la distribution marque, quant à lui, le pas. », précise-t-elle.

Par ailleurs, l’important développement du volet technologique associé à celui de l’IA bouscule sensiblement le marché du recrutement. L’expertise digitale devient fondamentale, nécessitant d’avoir recours à des profils de plus en plus pointus.
Face à un tel bouleversement du monde du travail, la capacité à fédérer et à s’adapter sont devenues les « soft skills » unanimement recherchées par les organisations, et plus précisément au sein des directions juridiques. Sur le terrain, « il faut savoir faire preuve d’une grande agilité, en très peu de temps, pour comprendre le fonctionnement de l’entreprise ainsi que celui des métiers, en parallèle de se faire accepter des équipes et des clients internes », souligne Julia Noir, manager de transition chez Robert Walters.

Quand l’IT et le digital rebattent les cartes 

La forte accélération de la technologie ces dernières années reste une tendance majeure au sein des directions juridiques. Face à de telles avancées, on note une arrivée massive sur le marché de profils hybrides et hyperspécialisés, à l’image des juristes en data privacy.  Fortement impliqués sur des problématiques de données personnelles (legal tech, conformité, RGPD…), ils interviennent régulièrement dans le cadre de négociations ou de renégociations annuelles de contrats complexes (achats, ventes, prestations de services…). Le volet tech ayant pris considérablement le dessus (intervention en matière d’éthique IA, authentification et certification de documents digitaux…).

Par ailleurs, dans ce contexte de grandes transformations, le savoir-faire du Legal Operations Officer, profil à la fois stratégique et opérationnel, séduit de plus en plus d’entreprises. S’appuyant sur sa capacité à mutualiser gestion de projets - notamment digitaux - pilotage budgétaire et vision transversale afin de proposer des process toujours mieux optimisés au niveau de sa direction, le Legal Ops s’est progressivement imposé comme un pilier incontournable dans la conduite du changement et la simplification des procédures internes.

Même constat en matière de fiscalité où la contribution du numérique et le focus mis sur la digitalisation impactent les métiers et les compétences attendues.

Les candidats disposant d’une expérience financière confirmée, analytique et alliant la bonne maîtrise des nouvelles technologies sont particulièrement recherchés pour effectuer des modélisations et permettre des projections concrètes. Il s’agit d’accompagner les entreprises dans le déploiement de leurs process tout en facilitant l’adaptation de leurs business plans.

Les expertises fiscales proches du numérique ont indéniablement le vent en poupe.

La réforme sur la facturation électronique encadrant la dématérialisation ayant, certes, été reportée en 2024, les équipes opérationnelles se mettent toutefois dès à présent en ordre de marche. La demande grandissante de ce type de profils devrait, elle aussi, continuer à s’accélérer.
Parmi les autres sujets plus classiques mais néanmoins toujours d’actualité : celui des multiples contrôles fiscaux ou encore de la mise à jour des politiques de prix de transfert.

Les experts en M&A et Compliance toujours très sollicités 

Après une période de grande euphorie ayant permis de nombreuses opérations de restructurations, le marché mondial pâtit désormais d’un contexte international plus incertain. Pour autant, l’activité corporate n’est pas à l’arrêt, les managers particulièrement capés et bien formés étant toujours très demandés. Un constat partagé par Julia Noir, actuellement Directrice M&A en mission au sein d’un grand groupe du secteur de l’énergie. « En fonction des secteurs, le marché reste actif avec beaucoup d’opportunités et des projets innovants. C’est une phase intéressante car les choses bougent, avec de beaux deals à la clef ».
Certaines structures bien établies, ayant connu de récents départs, sont aujourd’hui en quête de nouveaux talents. Pour éviter les périodes d’absence prolongée ou de vacances de postes stratégiques, les experts de la transition en corporate interviennent majoritairement sur des missions relais.

« La part croissante du management relais est d’ailleurs une tendance de fond communément observée sur l’ensemble des périmètres puisqu’elle représente près de 63% de nos missions en 2023 », rappelle Amélie Lobry.

Concernant les métiers de la Compliance, l’évolution toujours plus rapide du paysage législatif et réglementaire depuis la loi Sapin 2 booste la demande en matière de conformité.

« En interne, les équipes sont souvent sous-équipées au regard de la lourdeur des process à mettre en œuvre et des sanctions qui pèsent largement sur les entreprises. Nos managers de transition sont rapidement devenus indispensables au sein des organisations pour assister les équipes et pallier un manque de compétences, voire une insuffisance de ressources », explique-t-elle.