Il y a quelques mois, Robert Walters Management de Transition faisait le point sur les enjeux de la sobriété numérique en entreprise. Le cabinet avait donné la parole à un panel d’experts, dont Christine Heckmann, Présidente et co-fondatrice de Verdikt.
Après une année marquée par la crise énergétique et l’inflation, elle est interrogée par Clément Percheron, Principal de la division Information Technology & Transformation, pour faire le point sur les transformations qui impactent désormais les organisations.
La crise énergétique a effectivement mobilisé les grandes entreprises sur le thème de la sobriété. Des actions d’économies des dépenses existantes ont été privilégiées, des mesures de réduction de consommation énergétique des centres de données ou encore des initiatives visant à promouvoir une utilisation raisonnée des outils numériques ont été prises. Les grands groupes continuent à jouer un rôle clé car ils ont structuré et adopté des politiques de durabilité et de responsabilité environnementale qui intègrent la sobriété numérique.
Par ailleurs, l’urgence climatique a accéléré la prise de conscience des citoyens et des entreprises sur les impacts de leurs usages numériques en les incitant à revoir leurs pratiques, à sensibiliser leurs employés et à mettre en place des premières actions concrètes de mise en veille et d’allongement de la durée de vie des postes de travail, voire d'optimisation des serveurs.
Cependant, la majorité des entreprises en sont encore au stade de l'acculturation.
La transition vers des pratiques plus responsables nécessite du temps, des ressources, une volonté politique de la part des organisations. La question de la sobriété numérique reste complexe et multifacette. Elle nécessite aussi une gestion des données pour alimenter les outils de mesure permettant ainsi d’identifier les chantiers prioritaires à mener pour piloter les réductions quantifiées des impacts dans la durée.
De plus en plus d’entreprises prennent conscience de l’empreinte écologique de leurs activités numériques. Leurs motivations à s’investir dans la sobriété numérique varient en fonction de leur secteur d’activité, de la taille de l’entreprise, de sa culture et de ses objectifs.
Néanmoins, on retrouve un top 5 des raisons pour lesquelles les entreprises et leur DSI/DRSE passent à l’acte.
L’enjeu économique reste la principale motivation des entreprises. Si depuis plusieurs années, le constat d’un intérêt grandissant accordé à la RSE est manifeste, force est de constater que dès que les voyants financiers passent au rouge, les entreprises s’empressent de réorganiser leurs priorités et de recentrer leurs efforts sur l’atteinte explicite de leurs objectifs économiques. Dans le contexte actuel, elles se retrouvent à devoir arbitrer entre un contexte économique mondial peu favorable qui pénalise leurs résultats et des obligations environnementales qui s’institutionnalisent.
Aussi, il est primordial de ne pas opposer enjeux économiques et enjeux RSE. Au contraire, il convient de les associer plus étroitement pour créer davantage de synergies et générer plus de valeur globale pour l’entreprise avec probablement des boucles de rétroaction sur la finance.
Davantage de secteurs s’investissent dans la sobriété numérique et viennent étoffer le cercle initial :
Le secteur banque/assurance/finance figure parmi les plus matures, principalement en raison des exigences de conformité qui lui sont imposées mais également du poids du digital dans leur bilan carbone. C'est d’ailleurs le constat qui a été fait par Verdikt lors du dernier salon Vivatech.
Même constat pour le luxe qui ne souffre pas particulièrement de restrictions budgétaires. Les acteurs du luxe ont intégré le volet RSE à leur stratégie d’entreprise et se préoccupent dorénavant des impacts liés au numérique.
Le retail tient son rang. Il fait partie des secteurs subissant le plus fortement la pression des consommateurs, toujours plus exigeants envers les engagements environnementaux, sociaux et économiques des entreprises.
L’industrie a subi de plein fouet la crise énergétique, les résultats financiers du 1er semestre ne sont parfois pas à la hauteur des objectifs fixés et en conséquence les budgets alloués aux nouveaux projets ont été décalés dans le temps.
Le secteur des services technologiques et de l'information a gagné en maturité sur le numérique responsable. Tant pour répondre à leurs besoins internes que pour répondre aux exigences de leurs clients.
En dehors de suivre les prérequis de la norme ISO 26 000, laquelle n'est pas une norme certifiable contrairement aux autres normes ISO, actuellement, le seul moyen de valoriser la démarche de Responsabilité Sociétale en Entreprise est le recours à une évaluation ou à une labellisation.
Afin de mettre en avant les start-up et les PME engagées dans la transition écologique, le ministère de la Transition écologique a développé en 2020 le label “Green Tech Innovation”. Verdikt est d’ailleurs lauréate de ce label depuis octobre 2022.
En parallèle, en juin 2019, le label Numérique Responsable, soutenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire, était lancé en France. Premier label récompensant la démarche d'amélioration continue, il vise à réduire l'empreinte écologique des technologies de l'information et de la communication (TIC). Ce dernier propose deux niveaux de maturité : le label NR de niveau 1 et celui de niveau 2, plus poussé.
Néanmoins, l’écosystème aurait besoin d’un cadrage et d’un standard de la part des instances compétentes. C’est d’ailleurs un sujet que nous avons eu l’occasion d'évoquer avec Carole Guillerm, Directrice de cabinet adjointe au Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique lors du salon Vivatech en juin dernier.
Cet enjeu de label standardisé va nécessiter la participation de différentes parties prenantes. Aussi faudra-t-il sans doute encore du temps pour établir une certification reconnue à grande échelle. Néanmoins, la prise de conscience accrue de l’importance de la durabilité dans le domaine du numérique pourrait accélérer le processus de mise en œuvre.
Clément Percheron
Information Technology & Transformation, Principal - Paris
Diplômé d’un Master en management, Clément occupe des fonctions commerciales dans l’industrie agro-alimentaire puis dans le conseil opérationnel pendant plus de 12 ans, avant de rejoindre l’équipe SI & Digital de Robert Walters Management de Transition en 2017. Depuis, Clément conseille de nombreuses organisations (type CAC 40 ou ETI) en France et à l’international dans le remplacement de managers clés, et les accompagne dans leurs programmes de transformation, tels que l’optimisation de leurs organisations, des projets d’intégration, de séparation d’entités, des projets ERP et de pilotage d’infogérance.
Christine Heckmann
Dirigeante & Co Fondatrice Verdikt
Ancienne Directrice des Systèmes d’Information (DSI) au sein de grandes entreprises internationales, Christine a aidé de nombreux groupes sur le secteur du digital. Au fil des années, elle a pris conscience de l'importance de la pollution numérique et du manque d'engagement des entreprises sur ces sujets. Ainsi, Christine a co-fondé Verdikt, une entreprise ayant pour but de réconcilier numérique et écologie en entreprise.
Quels seront les grandes tendances et les enjeux des métiers de l’IT en 2024 ? Réponse en images avec Clément Percheron, Principal :
En savoir plusEnvie d’accompagner nos clients dans des phases stratégiques de changement et nos managers de transition dans leurs futures missions ?