Paris, juin 2022. 

A l’occasion du salon Global Industrie, Maxime Alves, Manager au sein du cabinet Robert Walters, participait à la table ronde « Recruter efficacement dans l’industrie, mode d’emploi », en compagnie de dirigeants du secteur. L’occasion pour eux de revenir sur les difficultés rencontrées sur le marché du recrutement dans l’industrie, et sur les solutions à mettre en place pour attirer les talents.

L’industrie n’échappe pas à la guerre des talents

Alors que le marché de l’emploi a repris depuis plusieurs mois et que le volume d’offres a progressé de près de 60% entre les premiers trimestres 2021 et 2022, les cadres sont devenus de plus en plus volatiles. En effet, selon la dernière étude de rémunération du cabinet Robert Walters, 2 cadres sur 3 envisagent de changer d’emploi, amplifiant la crainte des entreprises quant à la pénurie de talents.

« Un cercle vicieux s’est mis en place : les entreprises chassent les compétences chez des concurrents ou d’autres industriels. Ces derniers perdent du savoir sans s’y être préparés, ils cherchent donc à recruter des professionnels sur des critères très restrictifs. Ces candidats sont presque impossibles à trouver sur le marché, il faut donc les chasser, entretenant un cycle qui maintient la tension du marché », observe Maxime Alves. Ce fonctionnement en vase clos participe à cette tension : les entreprises se limitent à une vision à court terme, et cherchent des compétences trop spécifiques au lieu de s’ouvrir à d’autres types de profils. 

Pénurie de jeunes talents dans l’industrie

Au cours de cette table ronde, Marc Rumeau, président de l’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France), a évoqué la raréfaction des jeunes profils qu’il perçoit à chacun de ses déplacements sur le terrain : « Les écoles d’ingénieurs dénombrent de moins en moins de candidats lors des concours d’entrée, et les classes ne sont plus aussi complètes qu’auparavant », constate-t-il. De plus, nos écoles semblent avoir manqué le virage technologique qui s’est accéléré ces dernières années, et les professeurs ne sont pas suffisamment formés à ces nouvelles technologies pour les enseigner à leur tour.

En plus de ces problématiques concernant leur formation, le secteur de l’industrie peine à attirer les jeunes, probablement par déficit d’image, ou parce que les conditions de travail sont plus difficiles, comme dans l’industrie lourde par exemple. « Pour pallier ces problèmes, la marque employeur est indispensable pour une entreprise souhaitant recruter de nouveaux talents. Elle doit chercher à se démarquer de ses concurrents et se montrer innovante », explique Maxime Alves.

Parmi les participants de cette table ronde, Cécile Deixonne, DRH du Groupe Winoa, témoigne : « Nous organisons une journée portes-ouvertes afin d’accueillir les enfants de nos collaborateurs, nous permettant ainsi de gagner en visibilité et en notoriété auprès d’une cible plus jeune, et de l’ensemble de la région ». Il est également important de rappeler que la voie de l’apprentissage est devenue un excellent biais de formation pour l’industrie, les candidats issus de cette filière bénéficiant ainsi d’une expérience concrète très tôt dans leur parcours.

Au tour des entreprises de faire leurs preuves

Dans ce contexte si particulier, les entreprises doivent désormais apprendre à attirer les talents. Disponibilité, accompagnement, suivi et réactivité sont les maîtres-mots dans les processus de recrutement. En effet, les candidats actuellement sur le marché sont extrêmement sollicités : ils ont plusieurs pistes en parallèle et ont ainsi l’opportunité de choisir l’offre qui leur correspond le mieux et répond à leurs attentes.

« Lors d’un recrutement, l’ensemble des interlocuteurs côté entreprise doit être disponible afin d’être réactif auprès du candidat et ne pas lui envoyer de mauvais signaux. Il est important pour l’entreprise de se vendre et d’insister sur les perspectives d’évolution et de développement », souligne Maxime Alves.

Conscientes des nouvelles attentes des candidats, certaines entreprises n’hésitent pas à innover : « Pour répondre aux besoins de nos collaborateurs, et en attirer de nouveaux, nous réfléchissons à de nouvelles organisations de travail, avec la systématisation du télétravail et de nouveaux horaires plus adaptés leur permettant d’avoir un meilleur équilibre », explique Cécile Deixonne.

Le secteur de l’industrie connaît les mêmes difficultés que les autres, à savoir des pénuries de talents et de compétences, dans un contexte où les candidats sont sursollicités et sont devenus plus exigeants. « Les entreprises qui innoveront et sauront s’adapter tireront leur épingle du jeu. Il est également essentiel pour elles de soigner leur off-boarding, car le monde de l’industrie est petit, et un collaborateur qui part devient un ambassadeur susceptible de revenir quelques années plus tard », conclut Maxime Alves.