Femme & mère de famille : la fin d’un mythe

31/3/2015

France

Lors d’une conférence de presse organisée le 24 mars 2015, l’association A Compétence Egale a présenté les résultats d’une étude sur « Les femmes dans l’emploi » auprès d’un panel représentatif de 1 600 répondantes interrogées de novembre 2014 à mars 2015. Sous forme de portrait croisé de trois générations de femmes actives, cette étude a pour dessein de casser les stéréotypes associés aux femmes dans leur vie professionnelle.

NB : Avec une proportion de plus de 80% de cadres, 50% de managers et 21% de membres du comité de direction (CODIR), les résultats de cette étude sont représentatifs d’une population qualifiée.

Chapitre 1 : les femmes ne pensent pas qu’à leur vie de famille

Premier cliché mis à mal : les femmes ne travaillent pas par défaut en attendant d’avoir un enfant. Cette vision est d’autant plus injuste que les femmes elles-mêmes ne se perçoivent pas simplement comme des mères. Ainsi, la vie professionnelle est, pour plus de 50% d’entre elles, aussi importante que leur vie personnelle, voire une priorité.

« Les femmes ne mettent pas nécessairement leur vie familiale au centre de leurs intérêts. Penser de cette façon est une présomption pesante sur les chances de succès et l’égalité dans la vie professionnelle, au détriment des femmes », déclare Coralie Rachet, Managing Director de Robert Walters France.

« Elles ne manquent pas de temps pour s’occuper des enfants mais pour s’occuper d’elles-mêmes », poursuit-il. La famille arrive en 3ème critère de leur priorité pour les plus de 30 ans. Et parmi les 33% de femmes qui souhaitent aménager leur temps de travail, la plupart souhaite se consacrer à une autre activité professionnelle. C’est un témoignage de pragmatisme, de réalisme et d’optimisation de la gestion du temps. 

Alors, interroge Coralie Rachet, « On évoque souvent un déficit d’investissement lorsqu’un employeur recrute une femme, or ce déficit est nul ! Qu’elles aménagent ou non leur temps de travail, il n’y a pas de différence dans l’implication des femmes. D’autant plus aujourd’hui avec les nouvelles technologies qui permettent de travailler partout et à toute heure. »

En revanche, en ce qui concerne les obstacles à l’évolution professionnelle, l’idée reçue selon laquelle les femmes sont moins bien payées est confirmée. A noter à ce propos que l’écart de salaire à formation équivalente est de 8,5%, selon des chiffres de l'Apec*.

Autre observation intéressante. « Chez Robert Walters, nous plaçons plus de 50% de femmes. Cette tendance traduit le fait que pour obtenir un niveau de salaire correspondant au marché, les femmes sont souvent obligées de changer de job », analyse Coralie Rachet.

Au final, quelles sont les trois critères qui comptent le plus dans la vie professionnelle d’une femme ? En tête, la maîtrise de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. C’est un enjeu qui prend encore plus d’importance dès lors qu’on a un enfant. Pour le reste, les femmes recherchent un travail qui fait sens et un bon salaire, des attentes propres à l’ensemble de la population cadre.

Chapitre 2 – la cooptation est plébiscitée pour trouver un job

Les femmes qui ont cherché un emploi l’ont trouvé à 85% en CDI. Par quel biais ? « Principalement, en ayant recours à la réponse à l’annonce. C’est le marché visible, le plus évident à adresser », estime Sébastien Bompart, président de l’association A Compétence Egale. La cooptation par le réseau professionnel arrive en deuxième position, avant les cabinets de recrutement. Notons que les plus de 45 ans privilégient les réseaux sociaux comme LinkedIn et Viadeo dans leur recherche d’emploi.

La moitié des femmes de plus de 45 ans ont déjà été 1 à 2 fois au chômage. Les moins de 30 ans ont connu, quant à elles, 1 à 2 employeurs contre 3 à 5 pour les plus de 30 ans. « Cela traduit-il un rythme de changement volontaire ou une précarité plus forte ? La question est ouverte », avance Sébastien Bompard. En revanche, la période de chômage est plus longue au fur et à mesure que l'âge avance, allant de 3 à 9 mois pour les plus de 45 ans.

Chapitre 3 – les enfants ne sont pas un frein à la carrière

1/3 des femmes de moins de 45 ans ont déjà reporté ou renoncé à leur projet de grossesse à cause du travail. La même proportion considère que la grossesse a été un obstacle dans leur vie professionnelle. « Ce qui est inquiétant ici, c’est que la femme ne peut pas choisir d’avoir un enfant quand elle le veut », nuance Coralie Rachet.

Une fois qu’elles ont eu un enfant (2/3 des femmes interrogées), on constate que seulement 1/4 d’entre elles change de rythme de travail. Ceci témoigne d’un courage des femmes qui n’est pas toujours bien relayé. Parmi celles qui ont changé leur rythme de travail, il n’y en a que 10% qui l'ont réduit, et 10% qui l'ont augmenté (femmes entre 25 et 45 ans). « Une femme qui a eu un enfant a une organisation incontestablement meilleure. Son temps est précieux », observe Coralie Rachet.

Malgré ces données, les femmes sont 25% à estimer avoir été écartées de certaines prises de décision. « Ce n’est pas normal qu'elles soient encore vues comme des mères de famille potentielles. Une femme qui travaille est une femme qui travaille, pas une maman en puissance », assène Coralie Rachet.

Chapitre 4 – l’égalité, un enjeu sociétal et éthique

Selon Sébastien Bompard, les femmes interrogées sur les enjeux de leur situation professionnelle parlent beaucoup de valeurs. « Leur objectif est de faire changer les mentalités, de faire avancer le mieux vivre ensemble. C’est un enjeu sociétal et éthique. »

Quant à la féminisation des CODIR, les bénéfices seraient, selon les répondantes, une meilleure vision des choses et une optimisation tant organisationnelle que relationnelle. En revanche, ce qu’elles ont moins reconnu comme apport, c’est le leadership, l’innovation et la bonne gestion financière. « Et là, nous disons aux femmes : attention à l’intériorisation des stéréotypes féminins. Si vous-mêmes ne portez pas le message de vos compétences, comment voulez-vous que celles-ci soient reconnues ? », conclut Sébastien Bompard.

*Source : Apec, La situation comparée hommes-femmes des salaires des cadres, mars 2015

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